Ou comment dès 1909 Edward M Forster imagine le monde d'aujourd'hui....
La Machine s’arrête est une nouvelle d’anticipation qui dépeint une humanité confinée, réduite à vivre sous terre en communiquant par écrans interposés et dont tous les besoins sont pourvus par une toute-puissante machine . Publiée en 1909 elle a été traduite en 2014 par les Editions Un pas de côté, et reprise récemment par les Editions de l'Echappée.
On y découvre Vashti, qui mène une existence solitaire et paisible dans sa cellule-alvéole, faite de conférences en ligne et de débats d’idées, de lumière douce et d’air filtré. La machine a permis de bannir tout contact physique, et Vashti « connait plusieurs milliers de personnes, les relations humaines ayant considérablement progressé sous certains aspects. »
Tout le confort moderne est accessible d'une simple pression sur l'un des innombrables boutons qui tapissent les murs, et le monde naturel en surface n'est plus qu'un récit médiatisé, passé au filtre des générations de locuteurs. Exceptionnellement des voyages en dirigeables sont autorisés, à condition que les fenêtres soient bien sûr fermées. Le socle commun des croyances est devenu le mode d'emploi de la Machine, support de l’idolâtrie générale.
Seule ombre au tableau : Kuno, fils de Vashti, dont l’irrépressible besoin d’évasion viendra bouleverser l’ordre du monde et déclencher les premières défaillances du système...
On pense à Huxley, à Orwell, à Borges, avec ce récit effarant d'anticipation, dans lequel toute ressemblance avec le monde actuel est bien évidemment fortuite...
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Présentation de l'éditeur :
La Machine nous a volé le sens de l’espace et du toucher, elle a brouillé toute relation humaine, elle a paralysé nos corps et nos volontés, et maintenant elle nous oblige à la vénérer. La Machine se développe – mais pas selon nos plans. La Machine agit – mais pas selon nos objectifs. Nous ne sommes rien de plus que des globules sanguins circulant dans ses artères.
Publiée en… 1909, cette stupéfiante anticipation écrite par le grand auteur britannique E. M. Forster (1871-1970) dépeint une société dans laquelle tous les besoins sont satisfaits par une machine omnipotente. Dans leur désir de confort total, leur obsession de se maintenir à distance des autres et du monde physique, et après avoir exploité les richesses de la nature, les humains s’en remettent donc à la seule technique, devenue leur idole.
Edward Morgan Forster, La Machine s'arrête, Editions de l'Echappée, traduit de l'anglais par Laurie Duhamel. Préface de Pierre Thiesset et postface de Philippe Gruca et François Jarrige, 7 euros.