Face à la surexposition aux écrans, le défi sans écrans : une solution efficace et joyeuse de prévention

Récemment, Lève les yeux ! a participé à la mise en place du premier Défi Déconnexion à l’échelle d’un territoire, dans le 14ème arrondissement de Marseille. C’est prochainement le Collège Vieux Port à Marseille (1er) qui va tenter l’expérience ; l’occasion de se rappeler les nombreux bienfaits de ce défi grâce à Carine Bonnisseau qui nous parle ici du Défi sans écrans des Chevaliers du Web.

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Depuis 2018, dans la lignée du québécois Jacques Brodeur (Edupax), fondateur du Défi sans écrans au Québec, l’association Les Chevaliers du Web intervient auprès des enfants et de leurs parents pour leur faire expérimenter un temps de déconnexion digitale : 10 jours sans écrans !

Le projet se déroule dans le cadre d’un établissement scolaire (de la maternelle aux étudiants), à l’initiative de l’équipe pédagogique, des parents d’élèves, des communes ou acteurs de prévention. Tous partent du même constat : l’augmentation des difficultés d’apprentissage, la baisse de l’attention et de la concentration des enfants, des comportements ou des échanges inadaptés pour leur âge, et une exposition de plus en plus précoce et longue aux écrans.

L’éducation au bon usage des écrans et de leur limites est incontournable. Le défi concerne les écrans récréatifs, qui représentent environ 80 % de l’usage qu’en font les jeunes. Il ne concerne pas, bien sûr, les écrans relatifs au travail ou à la gestion du quotidien.

La force et le succès d’un défi sans écrans est d’associer la communauté éducative (école + familles) autour de l’enfant sur un même projet. A l’issue de chaque défi, chaque participant (enfant, enseignant, parent) est invité à répondre à un questionnaire-bilan anonyme. Ce questionnaire nous permet aujourd’hui de disposer d’une base de données objective, du vécu du Défi sans écrans, sur le terrain*.

Les résultats parlent d’eux-mêmes : le défi est jugé utile par 79,5 % des élèves, 90 % des parents et 60 % des enseignants, soit une moyenne de 76,5 % ; alors même que ce projet laisse certains dubitatifs au départ... comment survivre 10 jours, en 2022, avec moins d’écrans récréatifs ?

Concrètement, il s’agit de modifier ses habitudes de vie, ses automatismes, sa routine du quotidien avec les écrans, en mettant en place de nouvelles règles de vie digitales : pas d’écran le matin avant de venir à l’école, pas d’écran pendant les repas, pas d’écran avant d’aller se coucher, pas d’écran dans la chambre de l’enfant*, pas de « télé-fantôme », allumée en permanence sans que personne ne la regarde etc. Notons que 72 % des parents déclarent avoir les écrans allumés pendant ces temps clés de la journée, avant le défi.

Il s’agit aussi de supprimer ou diminuer le temps d’écran récréatif habituel.

Que se passe-t-il alors, dans les foyers, pendant 10 jours ?

En premier lieu, enfants et parents retrouvent du temps pour être ensemble (50.5 % des élèves). Puis viennent les jeux de société, davantage de lecture (45 % des élèves), une ambiance plus sereine (plus de besoin de réclamer les écrans, ils sont éteints) et plus de sport (30 % des enfants). Sur tous ces sujets, les données issues des parents sont similaires à celles des enfants.

Le plus dur est, à leurs yeux, de voir la télé et autres écrans habituels éteints, sans pouvoir les allumer (25 % d’entre eux) et de s’ennuyer (17 %). Apprivoiser le silence d’une maison où les écrans sont éteints et trouver par soi-même des activités pour s’occuper, parfois accepter de ne rien faire et avoir du temps pour soi, est toute une affaire pour certains enfants/parents.

Au final, les enseignants, qui participent également au défi, estiment à 67 % qu’il est rentable pédagogiquement, qu’il aiguise le sens critique des enfants par rapport aux médias (57.4 %) et qu’il améliore la santé et le bien-être des élèves (44.3 %).

A l’issue du défi, 74 % des enfants et 82 % des parents déclarent que leur consommation d’écrans a effectivement diminué, Papa (82 %) et Maman (90 %) ayant eux aussi essayé de réduire leur temps d’écrans.

Après le défi, 30 % des parents déclarent avoir adopté de nouvelles règles d’hygiène digitale avec ce projet, qui perdurent dans le temps.

Dans toutes nos écoles de France, chaque année, a lieu un exercice incendie sans qu’aucun incendie n’ai été déclaré depuis longtemps, fort heureusement. L’urgence est au temps que passe les enfants (et leurs parents) devant les écrans, là est l’incendie attentionnel qui alerte beaucoup d’éducateurs.

Ceux ayant vécu un défi 10 jours sans écrans abondent : 40 % des élèves, 57 % des enseignants et 71 % des parents souhaitent qu’il soit fait chaque année ; un exercice annuel de déconnexion digitale qui éveille, fait prendre conscience des excès dans lesquels ne pas tomber et donne des clefs pour changer.

* Le défi sans écrans –Bilan 2018/2020 – Les Chevaliers du Web - 2021 [1800 élèves, 1100 parents, 150 enseignants]
* Les « 4 pas » de Sabine Duflo

 

Article rédigé par Carine Bonnisseau des Chevaliers du Web,