Le fait de rester enfermé chacun chez soi n’est pas une situation normale ; elle peut s’avérer difficile à vivre et peut nous pousser dans nos retranchements psychologiques. Il s’agit d’en prendre conscience et de mettre en oeuvre des mécanismes pour la traverser au mieux, alors que tant de questions nous déstabilisent : Comment retrouver l’évasion, valoriser ce temps mis en boite et surmonter nos angoisses de privations de liberté sans se jeter à corps perdu dans un binge watching, soit un déferlement d’écrans pour nous éviter de trop penser et parce que, de façon toute déculpabilisée, que peut-on faire d’autre ?

Et pourtant, nous pourrions tirer parti de cette période pour :

renouer les liens et recréer des interactions véritables avec sa famille devenue ses partenaires de confinement à travers des activités simples et enthousiasmantes comme la cuisine, la création sous toutes ses formes (écrire un journal du confinement, peindre un meuble ou une toile, redécorer une chambre), le jeu (défi du jour, jeu de cartes, dés ou plateau) ou le sport sous une forme ludique (tennis de table sur celle du salon, foot en salle, chorégraphie de danse).

se retrouver soi-même, écouter ses sensations comme la faim ou le sommeil ; sonder ses envies, mais aussi affronter ses appréhensions, les mettre au clair dans sa tête, en parler à voix haute, les dessiner ou les écrire.

être attentif au monde autour, à ses détails que l’on a désormais tout le loisir de voir et de ressentir : la couleur du ciel, les odeurs de repas qui marquent le temps et le chant des oiseaux revenus ou le bruit raréfié de la circulation. Faire un inventaire mental ou formalisé de ce qu’on note et de ce qui a changé.

tester, expérimenter, apprendre pour soi-même ou avec ceux qui nous accompagnent : une langue étrangère pour voyager à domicile et solliciter notre intellect, le chant et la méditation pour notre confort physique et moral, un gâteau du vieux livre de recettes de famille dans la perspective d’un moment plaisir, le bricolage pour l’embellissement de notre nouveau monde en vase clos.

Pour que cette période se déroule au mieux et qu’elle nous soit en prime profitable, il est indispensable de :

normaliser et structurer. Garder un même rythme, de lever, de coucher, de repas et d’habitudes tout au long de la journée. Ne pas assimiler cette période à des vacances, mais trouver le juste équilibre entre loisirs et apprentissage, pour nourrir autant notre cerveau que notre imaginaire.

communiquer et développer notre empathie. Il s’agit de comprendre son propre fonctionnement et celui des autres afin que la cohabitation se passe au mieux, que la sphère privée et la sérénité des uns et des autres soient préservées. La communication élimine les idées que l’on se créé parfois à tort, dissipe les malentendus ; elle rassure et rapproche.

cultiver la joie. Nous vivons une situation que nous subissons, parfois dans des conditions compliquées, alors nous devons puiser dans nos ressources positives pour rétablir l’équilibre d’un bon épanouissement. C’est une période idéale pour relâcher un peu la pression, exprimer à travers ses paroles ou ses actions une fantaisie qui risquera d’être contagieuse et fera ressortir à la lumière des talents cachés.

relativiser et vivre l’aventure. Il faut s’attacher au bon côté des choses et travailler son optimisme : je suis avec les personnes qui me sont précieuses dans un environnement familier avec de nombreuses sources de divertissement pour une durée certes inconnue mais forcément limitée, et cela pourrait être de toute façon pire, alors autant bien le vivre !

Par Aude-Lise Bemer, membre du Collectif Lève les yeux !