Récemment, des parents à Poitiers ont découvert avec stupeur que leurs enfants, dès la maternelle, allaient être équipés de tablettes numériques. L’Organisation mondiale de la santé a beau préconiser le moins d’écran possible avant 5 ans, les études s’accumuler, toujours plus accablantes, sur les effets dramatiques des écrans sur le cerveau des enfants, les pouvoirs publics, nationaux et locaux, s’entêtent à vouloir toujours plus d’écrans dans les écoles. Nous relayons donc cette pétition, venue de Poitiers et qui aura, on l’espère, un peu d’écho.
Pour signer ou contacter les parents à l’initiative, écrire à parentspoitevinscontrelesecrans@protonmail.com
« Empêchons l’arrivée des écrans à l’école »
Fin novembre 2022, des tablettes numériques ont été livrées par la mairie de Poitiers dans l’école maternelle Les Minimes en complément des dalles numériques (TBI) déjà présentes dans chacune des classes. Nous précisons que ce n’est pas une demande de l’école et que les maîtresses ne comptent pas les utiliser.
En tant que parents et citoyens, nous demandons à la mairie de Poitiers de protéger nos enfants du numérique, au lieu de les y exposer dès le plus jeune âge, et ce alors que toutes les études scientifiques prouvent montrent la dangerosité des écrans pour les enfants et pour leur développement cognitif (retards significatifs dans l’apprentissage du langage, problèmes de concentration), social (troubles du comportement), du sommeil, obésité, etc.). Comme le résume la pédiatre Anne-Lise Ducanda, « plus de 6100 études ont été menées à travers le monde : quasiment toutes signalent que les écrans ont un effet délétère sur les enfants et particulièrement sur le développement des tout-petits[1]. » Le Collectif Attention[2] (réunissant plusieurs associations, dont Lève les yeux, CoSE, ou Agir pour l’environnement) mène campagne depuis trois ans pour résister à la déferlante des écrans que l’Education Nationale ne fait qu’encourager, et qui contribue aussi aux dégâts environnementaux.
Cet usage du numérique nous pose un certain nombre de problèmes :
Nous réalisons, en échangeant avec des enseignants, que beaucoup d’entre eux estiment que l’utilisation de la tablette en classe relève davantage du « gadget » que d’un véritable outil pédagogique, et qu’elle constitue souvent une perte de temps, sans pour autant améliorer les apprentissages. Au contraire, l’étude de référence PISA qui étudie le système éducatif de 72 pays montre en 2015 que les pays qui ont le plus bas niveau scolaire sont ceux qui utilisent le plus les outils numériques[3].
Les membres du collectif CoSE (collectif de médecins, psychiatres, enseignants) constatent : « Nous trouvons que nos enfants passent déjà trop de temps devant les écrans, et que ceux-ci sont plus néfastes que bénéfiques pour leur santé, leur éveil et leurs apprentissages. Mais nous sommes aussi alertés par les enfants en élémentaire : nous observons d’importantes difficultés dans les apprentissages, des difficultés globales de compréhension, des difficultés à mobiliser une attention soutenue, une maladresse à utiliser les objets du quotidien, un intérêt limité porté à leur environnement (objets et personnes) hormis les écrans[4] ».
Nous tenons également à signaler que la plupart de ces innovations sont imposées sans que de vrais bilans attestent la pertinence ou les bienfaits qu’ils sont censés produire[5]. Le minimum d’une pédagogie bien fondée consisterait à faire retour sur les expériences menées plutôt qu’à dépendre du travail de lobbying de certaines entreprises du numérique auprès du Ministère de l’Education Nationale.
Enfin, nous sommes abasourdis par le montant pharaonique affecté par la ville de Poitiers au « Développement numérique » (285 000 € pour l’année 2021 au budget primitif, 100 000 € dans le budget primitif de 2022) et nous estimons que cet argent, provenant en partie des contribuables, doit être utilisé à de meilleures fins. Nous sommes d’autant plus surpris que ce budget émane d’une mairie écologiste ayant des préoccupations à l’égard de l’environnement. Or, est-il besoin de rappeler que l’industrie numérique contribue au dérèglement climatique (4% des émissions de gaz à effet de serre, et ce pourcentage monte à grande vitesse), qu’elle consomme 10% de l’électricité mondiale, et qu’elle pollue tout au long de son cycle de vie, de l’extraction des métaux aux déchets en passant par la production et le stockage de données (sans parler du gaspillage d’énergie via les data centers et autres) ?
Pour l’arrêt de cette opération coûteuse, peu utile pour les apprentissages, néfaste dans son ensemble pour nos jeunes enfants, ainsi que pour l’environnement, pour mener une réflexion commune sur les usages du numérique à l’école.
Des parents d’élèves de Poitiers en lutte contre l’imposition des écrans à l’école.
SIGNATURES [en cours : nous en sommes encore au lancement de cette pétition]
Dolores Albarracin, Professeur des Universités en psychologie à Poitiers
Hélène Aubriet, parent d’élèves
Isabelle Barrès, mère d’enfants dans les Yvelines
Mathilde Bidault, psychologue clinicienne à Poitiers
Guillaume Blain, parent d’élève à Poitiers et enseignant
Gwénaëlle Boillet, parent d’élève de Poitiers
Alice Bouhey, mère d’élève, Buc (78)
Aurélie Bourget, facilitatrice en Discipline Positive collectivité/parents/petite enfance à Poitiers
Charlotte Cartelet, psychologue à Poitiers
Jim Chahine, pédiatre à Poitiers
Véronique Chauvin, parent d’élève
Carine Delhumeau, psychomotricienne
Séverine Denieul, parent d’élève de Poitiers
Anne-Sophie Devault, psychomotricienne en périnatalité et en petite enfance à Poitiers
Alice Eliott, parent d’élève à Poitiers
Lucile Faivre, bibliothécaire à la retraite
Alexandra Garcia, parent d’élève de Lille
Jeanne Giraud, parent d’élève de Poitiers
Juliette Guignard, parent d’élève de Poitiers
Emilie Hellio, orthophoniste à Poitiers
Nicoles Hervouet, pédiatre à Poitiers
Catherine Hirondeau, parent d’élève
Marion Hulin, psychologue clinicienne à Poitiers
Stéphanie Lagrange Massé, psychologue clinicienne à Poitiers
Julien Ledoux, parent d’élève de Poitiers et docteur en sciences de l’éducation
Damien Le Foll, éducateur de jeunes enfants en pédopsychiatrie
Frédéric L’Homme, parent d’élève de Poitiers
Marine Mathieu, parent d’élève à Poitiers
Charles-Henri Mauduit, psychologue clinicien
Jehanne Millet, parent d’élève de Poitiers
Christophe Monceau, parent d’élève à Poitiers
Alice Moreau, parent d’élève de Poitiers
Pauline Pénot, psychomotricienne et maman de deux enfants à Poitiers
Kévin Perrat, parent d’élèves à Poitiers.
Émilie Pézard, parent d’élève de Poitiers
Alexandre Pierard, habitant de Poitiers et bibliothécaire
Elodie Pouilloux. parent d´élève à Poitiers
Mireille Principaud, enseignante à Poitiers
Lise Rannou, psychologue clinicienne à Poitiers
Javier Rodriguez Hidalgo, parent d’élève de Poitiers
Mélanie Rouillé, Psychomotricienne, Présidente de l’association des psychomotriciens du 86
Audrey Sebagh, parent d’élèves de Poitiers
Mélanie Segons, future parent d’élève de Poitiers
Tessa Tcham-Fournier, parent d’élève de Poitiers
Catherine Thibault, grand-mère d’élèves
Nese Vuattoux, parent d’élèves de Poitiers
Henri Zouingnan, parent d’élève à Poitiers
Avec le soutien de :
Lise Barthelemy, pédopsychiatre, membre du CoSE
Philippe Bihouix, ingénieur, co-auteur du Désastre de l’école numérique
Marie-Claude Bossière, pédopsychiatre, praticien hospitalier émérite, auteur de Le bébé au temps du numérique
Janine Busson, Présidente de Enfance – télé : danger ?
Collectif de l’Appel de Beauchastel contre l’école numérique
Alexandra Egreteau, citoyenne
Sandrine FEBVET, conseillère digitale en lutte contre la surexposition des enfants aux écrans.
Maryse Gayet, conseillère conjugale et familiale à Paris
Laura Ghaninejad, enseignante et parent d’élève à Marseille
Florent Gouget, professeur de lettres à Aubenas (07), co-rédacteur de l’Appel de Beauchastel en 2015, parent d’élèves, enseignant-fondateur de l’éphémère école sans écrans Les Collines bleues dans la Loire [2017-2020]
Fabien Lebrun, auteur de On achève bien les enfants. Écrans et barbarie numérique
Oliver Le Roux, parent d’élèves à Gradignan
Sylvie Dieu Osika, pédiatre, membre de CoSE
Yves Marry, co fondateur et délégué général de Lève les yeux, co-auteur de La guerre de l’attention
Sylviane Murat, professeure documentaliste en retraite et membre référent d’un collectif anti-Linky/5G
Julie Perel, ortophoniste et parent d’élève à Rennes
Florent Souillot, co-fondateur et co-président de Lève les yeux, co-auteur de La guerre de l’attention
Pour signer ou contacter les parents à l’initiative : parentspoitevinscontrelesecrans@protonmail.com
[1] Anne-Lise Ducanda, Les tout-petits face aux écrans : comment les protéger, éditions du Rocher, 2021.
[2] Voir leurs propositions sur leur site : www.collectifattention.com
[3] https://www.oecd.org/fr/education/scolaire/Connectes-pour-apprendre-les-eleves-et-les-nouvelles-technologies-principaux-resultats.pdf
[4] Charte du collectif CoSE : https://www.surexpositionecrans.org/charte-collectif-cose/
[5] Le rapport de la commission des « 1000 premiers jours » indique : « Beaucoup de contenus qui se disent “éducatifs” n’ont pas été évalués en ce sens : il n’y a pas de données scientifiques en faveur d’un bénéfice des logiciels commerciaux actuels pour les moins de 3 ans, même en bénéficiant d’un accompagnement par un adulte. Par contre, le temps passé devant un écran n’est pas un temps d’échange, ni un temps d’exploration motrice, ni un temps de jeu. »
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